Le couvent de Belmont


La fondation du couvent de Belmont

 

Extrait de la lettre écrite par les religieuses du verbe Incarné de Lyon Datée du 18 octobre 1881.

 

Jeanne de MATEL :  

Elle est née à ROANNE le 6 novembre 1596. Son père possédait près de cette ville, la terre seigneuriale de Mâtel, où il résidait d'ailleurs rarement. Il vivait en général à l'armée et surtout à la Cour.

Née la cinquième, après la mort en bas âge de quatre aînés, Jeanne de Matel fut l'objet d'une sollicitude particulière. Sa mère l'éleva dans les sentiments de piété qui étaient de tradition dans sa famille et son milieu. -Elle fit sa première communion à 12 ans.

Une tentation de vie mondaine ne fut qu'une épreuve passagère. Revenue bientôt à la ferveur coutumière, elle manifesta alors le désir de se consacrer à Dieu. Elle se heurta aux résistances de sa famille. Par des intuitions particulières, vers 1620 elle comprit que Dieu lui demandait de fonder un ordre qui répandrait la religion du Verbe Incarné.

Elle se lie alors avec deux jeunes filles de Roanne; Catherine Reurin et Marie Figent et le 2 juillet 1625, elles occupent l'ancienne Maison des Ursulines qui ont quitté Roanne. Tandis que la petite communauté qui a un peu augmenté s'installe à Lyon (où?..) sous la conduite de Catherine Fleurin, Jeanne de Matel essaye de fonder une autre com- munauté à Paris, mais bien des difficultés l'obligent à rejoindre Lyon, accompagnée seulement de trois jeunes filles qui l'avaient suivie à Paris. 

Nous savons qu'avec bien des difficultés de tous genres Jeanne de Matel fonde avec Paris et Lyon deux autres Communautés à Avignon et à Grenoble. Son intention d'en fonder une à Roanne, n'a jamais abouti. Finalement Jeanne de Matel meurt en 1670 et l'ordre du Verbe de l'Ordre du Verbe Incarné se développe jusqu'à la Révolution. A cette époque c'est la dispersion.

Plusieurs Religieuses d'Avignon ont même subi le martyre. 

Une religieuse de Lyon, Sœur Chinard-Durieux s'exile à Ravenne en Italie, elle fut l'instrument de la restauration de l'Ordre du Verbe Incarné. Dans son exil elle connaît un prêtre français, l'Abbé Denis. Après le concordat en 1801, l'Abbé Denis rentre en France et exerce son ministère dans sa paroisse natale à Azerables, dans le diocèse de Umoges. 

Là, il réunit quelques jeunes filles qui forment en 1806 une petite communauté, à qui il donne le nom de Verbe Incarné (en souvenir sans doute de sa relation en exil avec Sœur Chinard-Durieux, dont il avait perdu la trace). C'est seulement en 1814 que Sœur Chinard-Durieux rentrée en France, apprend l'existence de cette Communauté à Azerables. 

Elle écrit au Père Denis et arrive à la Communauté, avec le costume de l'ordre: robe blanche et scapu- laire rouge, sur lequel était brodé une couronne d'épines renfermant avec le monogramme du Christ, un cœur percé de trois clous, avec cette inscription: amor meus. Au jour de la profession on devait ajouter le manteau de chœur rouge, lui aussi, et le voile noir (costume du Verbe Incarné que Jeanne de Matel avait fondé). Elle apportait aussi le texte des Constitutions de l'Ordre du Verbe Incarné. En 1817, toutes les Religieuses prennent l'habit et Sœur Chinard-Durieux devient Supérieure de la Maison -En 1818, une ancienne religieuse d'Avignon, avertie par les journaux de la restauration de l'Ordre, arrive à son tour à Azerables en apportant les écrits de Jeanne de Matel, dont elle avait conservé la copie. 

L'œuvre de Jeanne de Matel retrouvait une nouvelle vie. Le Monastère d'Azerables, peuplé rapidement, put restaurer la Maison de Lyon et des fondations nouvelles eurent lieu dans les diocèses de Umoges, Bourges... En 1852 il Y eut un envoi aux Etats-Unis et sept monastères furent fondés au Texas. 

Le but essentiel était d'instruire les jeunes filles. En 1866, les besoins de l'assistance publique poussèrent l'évêque du Texas à demander aux monas- tères français d'affecter quelques religieuses aux services hospitaliers. Sans doute cette activité n'avait pas été prévue, jadis, par Jeanne de Matel. 

Mais toute vie, pour les Institutions, comme pour les hommes réclame de se développer et de se renouveler. Et ce rameau moderne d'un ordre ancien a étendu son action, non seulement au Texas, mais en France même, où il a établi son Centre à Bron, puis à Villeurbanne (Actuellement clinique Notre-Dame). 


Dans cette histoire abrégée de l'Ordre du Verbe Incarné, un nom mérite d'être retenu parce qu'il nous parle de Belmont. 


Le 4 novembre 1802, naissait à Belmont (Loire), dans la famille HIVER, une enfant qui, baptisée le 6 novembre, reçut le nom de Rosalie. C'était une famille patriarcale où l'héritage de la foi est transmis et conservé comme le plus cher trésor. Aussi, pendant les mauvais jours de la Terreur, que l'on venait de traverser, le Père de Rosalie avait sacrifié tout un domaine pour subvenir aux besoins des prêtres persécutés. Bien souvent, le toit hospitalier de la famille Hiver déroba aux recherches des agents de la Révolution, ces généreux confesseurs de la foi.

A la naissance de l'enfant, les personnes qui avaient été choisies pour lui servir de parrain et de marraine, habitant une localité trop éloignée, firent un peu attendre leur arrivée. Les parents, ne voulant pas plus longtemps priver l'enfant de la grâce du baptême, la firent tenir sur les fonts sacrés, le 6 novembre, par deux de leurs domestiques, Jeannot et Claudine. Ces bons serviteurs, heureux et fiers de ce choix dont ils étaient honorés, mais ne voulant pas donner leur nom à la fille de leur maître, prièrent Monsieur le Curé de lui imposer le plus beau nom qu'il saurait: «le n'en connais pas de plus beau que Rosalie», répondit le prêtre, et l'enfant fut ainsi nommée.

Rosalie fut doué d'un riche naturel. Son esprit était vif et pénétrant, son jugement droit et sûr, son cœur généreux et sensible, son âme inclinée à la piété. A 10 ans, Rosalie sui- vit le catéchisme de la paroisse pour se préparer à sa première communion et elle émerveilla Monsieur le Curé et son vicaire par la précision et la solidité de ses réponses, ils disaient à ses parents: «Ayez bien soin de cette enfant, un jour elle fera quelque chose de grand !»

A 23 ans, lorsqu'elle quitta la maison, pour se consacrer toute à Dieu dans la vie religieuse, son père lui dit: «Ma fille, j'ai dépensé une de mes propriétés pour secourir les Prêtres, je me trouverai bien récompensé si Dieu donne à l'un de mes enfants la vocation religieuse !» Ce père vint lui:  même à Lyon, pour demander l'admission de sa fille parmi les Religieuses qui desservaient l'hospice de l'Antiquaille c'était le 29 juin 1825.

Postulante, Rosalie apporte au service de Dieu une âme ardente, simple, une bonne volonté parfaite.

 

Or, un prêtre, l'Abbé Galtier, Vicaire de la Paroisse St-Just à Lyon, directeur de conscience de Melle Rosalie, songeait à rétablir l'Ordre du Verbe Incarné à Lyon. Il pensa que Melle Rosalie pourrait bien être la pierre fondamentale.
C'est ainsi que Melle Rosalie HIVER, fut envoyée, le 29 juin 1832, à Azérables, dont on a parlé ci-dessus. Le 2 octobre de la même année, elle fut admise à prendre 1 'habit du verbe Incarné et reçut la nom de Sœur Marie-Angélique de l'Incarnation».

C'est ainsi que Melle Rosalie HIVER, fut envoyée, le 29 juin 1832, à Azérables, dont on a parlé ci-dessus. Le 2 octobre de la même année, elle fut admise à prendre 1 'habit du verbe Incarné et reçut la nom de Sœur Marie-Angélique de l'Incarnation».


Le 29 novembre 1832, elle rentrait à Lyon, avec une reli- gieuse professe et une postulante. Le Père Galtier avait ache- té une propriété, payée avec ses deniers, ne pouvant en avoir la jouissance immédiate, la Communauté reçut une cordiale hospitalité de Melle Pauline-Marie Jaricot. Et c'est le 4 mai 1833 que Sœur Marie-Angélique de l'Incarnation et ses quatres compagnes prirent possession de la Maison du Verbe Incarné, sans doute celle restaurée aujourd'hui au 24, rue Roger Radisson, à Fourvière.

Vers 1840, la Communauté s'étant accrue d'un bon nombre de Religieuses, Sœur Marie-Angélique «put donner un nouvel essor au zèle qui la consumait.» Depuis long- temps, elle désirait doter d'un Couvent de l'Ordre, Helmont, sa paroisse native, car elle gémissait en pensant à quel point l'instruction des enfants y était négligée. Elle crut le moment arrivé et travailla de tout son courage à cette fondation. La Croix l'y attendait encore. Indignement trompée par l'architecte du nouveau Monastère que l'on désirait élever d'après les règles de la pauvreté et simplicité religieuses et qu'il bâtissait sur un plan grandiose, Sœur Marie-Angélique s'arma de toute son énergie pour faire arrêter les constructions. Il s'en suivit un procès dans lequel le Verbe Incarné donna gain de cause à ses filles.

Le Monastère de Belmont était fondé, des centaines d'enfants y apprenaient à connaître Dieu. Mais Sœur M. Angélique ne croyait pas sa tâche remplie. En 1852, elle envoya des Soeurs au Monastère de Brownsville, dans la mission du Texas. Ce Monastère prospéra, il fit un bien immense


La santé de Sœur Marie-Angélique de l'Incarnation s'al- téra et elle mourut le 8 octobre 1881. Elle fut enterrée au cimetière de Loyasse le Il octobre 1881.

Le pensionnat Jeanne d'Arc

    C'est en 1909 que s'ouvrit le pensionnat de Belmont. Les bâtiments appartenaient aux religieuses du verbe incarné qui en avaient été expulsées par les lois de sécurisation. Quand ces mêmes lois obligèrent les Soeurs de l'Enfant-Jésus à quitter leur pensionnat de Claveisolles et celui de Charbonnières-les-Bains, ces mêmes soeurs, mais en costume séculier, vinrent ouvrir celui de Belmont pour y poursuivre leur oeuvre d'éducation chrétienne et d'instruction auprès des petites filles et des adolescentes. 

    A une époque ou le certificat d'études était le couronnement des études pour toutes les écoles rurales, un pensionnat comme celui de Belmont, rendait accessible plus d'instruction aux filles de la campagne et les aidait à devenir de bonnes maîtresse de maison, aptes à bien gérer leurs affaires. De plus, bien des jeunes filles munies du Brevet Elémentaire ont pu, grâce à ce diplôme et aux solides convictions religieuses reçues, devenir institutrices dans les écoles libres, surtout rurales de la région, permettant ainsi aux écoles chrétiennes de tenir, malgré les lois de sécurisation, et cela jusque dans les villages les plus reculés. Et ce n'était pas un mince mérite de la part de ces jeunes et de leurs parents à une époque ou leur traitement était minime, les familles portant à elles seules les charges de leurs écoles privées. 

    Enfin, le noviciat des Soeurs de l'Enfant-Jésus fut réouvert clandestinement à Ste-Foy-les-Lyon, en 1917, plusieurs de ces jeunes filles ont répondu à l'appel du Seigneur et sont devenues religieuses enseignantes.

    Le pensionnat Jeanne d'Arc fut fermé en 1965 pour les classes de collège, en 1966 pour les classes primaires. Depuis plusieurs années déja, il avait fusionné avec l'externat, lequel était devenu mixte en 1963 et est toujours florissant aujourd'hui. 

 

 Le centre ménager rural de Belmont (1954 - 1964)

    Dans les locaux inoccupés des bâtiments du Pensionnat de Belmont, les responsables des Soeurs de l'Enfant Jesus de Claveisolles virent un lieu favorable pour l'organisation d'un centre ménager agricole. 

    On refit à neuf le vaste toit d'ardoise et les réparations intérieurs se poursuivirent. On installa cuisine, salle à manger, dortoir et le centre put s'ouvrir avec 8 élèves au début... Puis le nombre des élèves s'accrut et on créa au premier étage une salle de cuisine de cours. Le centre fonctionna ainsi une bonne diaine d'années formant d'excellente jeunes filles, non seulement munies d'une solide instruction, mais aptes dans tous les domaines, cuisine, ménage, jardin, gestion et aussi puériculture, à bien tenir une maison et à devenir de bonnes mères de famille en même temps que de vraies collaboratrices de leur mari.

    Ce centre ménager fonctionnant une bonne dizaine d'année. Mais le nombre d'élève restant restreint, a une vingtaine on donna finalement la préférence à celui de Feurs, mieux situé et qui de fait devient très prospère et fonctionne toujours.  

 

Source : journal paroissial de Belmont / Chauffailles

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